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Le temps est conté

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Comme le temps passe ! Et, curieusement,

C’est quand on lui prête moindre attention

Qu’il file le plus vite !
Distraits, ou trop occupés,
On ne voit pas le temps passer,

Comme s’il profitait qu’on ait le dos tourné

Pour fuir en vitesse !

Mais quel taon l’a piqué ?
Où court-il si vite ?
À sa perte ? Autant à la notre,

Comme en témoignent les preuves du temps.

Perdu, il ne se rattrape jamais,
Mais lui finit toujours par nous avoir,
À l’usure, tôt ou tard.
Ainsi, le temps fait son œuvre.

Aujourd’hui, seul l’autan a le temps de souffler.

Pas le pauvre mortel,
Haletant de ne plus le prendre
Comme avant.
Aussi, même par grand soleil,
Que de précipitation...
Alors qu'à chaque instant
Un temps périt !
Et dans l'air du temps,
L'on entend :

Du temps, en ai-je,

Même en emprunt-temps ?

 

La crainte d’être pris par le temps, aigrit,

Donne, jour après jour, un air plus vieux.

Le temps presse !
D’où cette ruée, alors,

Vers le temps libre, si précieux.

Il faut bien un temps s’y fier !

Passe-temps ci, pas ce temps-là,

Si trop l’on attend,
On a perdu son temps.

Quel temps fut-il,
Quel leurre ?

Pourtant, certains trouvent le temps... de s’ennuyer !

Pour passer le temps,
Les bavards parlent tant,
Cela s’entend,
De la pluie ou du beau temps
En disant... c’est long !

L’optimiste tempère : le temps c’est cool,

Et s’il nous amène âgé,
Jusqu’à vivre centenaire,
Ce n’est pas... sans temps !
Cours, âge !
Quand se sentant partant
Vers l'ultime passe-heure,
L’on prétend qu’il y a un temps pour tout,

Que l’on a fait son temps,
Ce n’est pas pour rien :
Le temps c’est de l’argent
Pour qui en attend.
Oui, qui en a tant ?

Les temps s’arrêtent ?

C’est l’arrêt net.
Arrêter le temps serait tentant !

Et s’il n’existait plus ?

Ce serait la fin des temps !

Adieu, conjugaisons !
Plus de passé, de présent, d’avenir...

Ne serait-ce pas assez simple ?

Sacré contre-temps !
Mais nul n’a jamais vraiment tué le temps,

Pas même le chasse-heure,
Et c’est tant mieux.

Seul le sport utilise le temps-mort

Et apprécie l’ami-temps.

Moments où tout le monde s’arrête...

Pas le temps !
Temps dû à l’excès ?

Oublions, la nuit détend.
Mais le temps profite de notre sommeil,

Hantant nos songes,
Pour passer plus vite encore,

S'enfuir comme un vole-heure.

Il se fait court, le félon !

Insomnie ?
Alors, caché dans l’ombre,

Le temps se dit latent,

Semble pour une fois s’éterniser...

Autant profiter de cet espace temps,

Pour tenter de percer les arcanes

Et autres mystères des temps pliés...

Ceci étant,
Si ces heurs laissent songeur,

Le temps des pensées

N'est pas toujours
Du temps perdu.

Au temps pour moi,
Ces propos polis
Sont pour gagner du temps,

Tant qu’il est encore temps,
Car à perdre je n’ai plus vain temps.

♔♣︎ 1991+

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